Kimberley Process Civil Society Coalition

Faire compter l’année « des bonnes pratiques » du Processus de Kimberley : Moins d’autocongratulation, plus d’efforts honnêtes et sérieux pour relever la barre

La Coalition de la Société Civile du Processus de Kimberley (KP CSC) a participé à la réunion intersessionnelle du Processus de Kimberley (PK) qui s’est tenue à Dubaï du 12 au 16 mai 2025. Les déclarations faites à la fin de la réunion ont annoncé une avancée dans le long débat sur la révision de la définition, particulièrement étroite, des diamants de conflits par le PK. Du point de vue du Coalition de la société civile du Processus de Kimberley, il est difficile de savoir où cette avancée s’est produite, à moins que le simple fait que certains participants tentent encore de poursuivre la conversation, après deux ans et demi de discussions difficiles et de positions bien arrêtées, ne soit considéré comme un tournant décisif. L’Association des Producteurs Africains de Diamants (APAD) a fait un effort louable pour maintenir le débat en vie. Pourtant, les divisions restent profondes et nous sommes encore loin d’un consensus sur une mise à jour significative de la définition.

Tant que les principaux responsables de la violence et des abus dans les régions diamantifères forces gouvernementales, sociétés de sécurité privées et mercenaires ne pourront même pas être nommés ou faire l’objet d’une discussion sérieuse, toute mise à jour de la définition ne sera rien de plus qu’un symbole. Les arguments selon lesquels ces questions ne relèvent pas du mandat du Processus de Kimberley et devraient être soumises au Conseil de sécurité des Nations unies ne sont pas convaincants. L’actuel cycle de réforme a été initié précisément pour que le Processus de Kimberley puisse assumer la responsabilité de ces défis.

La soi-disante « année des bonnes pratiques », telle que déclarée par le président du PK des Emirats arabes unis, risque de devenir une « année d’autosatisfaction ». Si les bonnes pratiques consistent désormais à s’applaudir soi-même – comme l’a fait le président du PK – en affirmant que les diamants sont déjà soumis aux « plus hauts niveaux de contrôle » et que 99,8 % d’entre eux sont exempts de conflits, alors le PK ne relève pas la barre, mais poursuit sa course vers le bas. Si les bonnes pratiques consistent à vanter les progrès de la traçabilité des diamants tout en délivrant sans restriction des certificats d’origine mixte du PK, alors le manque de crédibilité ne fait que se creuser.

Une véritable bonne pratique consiste à transformer le PK, afin qu’il passe d’un outil protégeant principalement les gouvernements en un outil qui s’attaque activement aux violations des droits humains, environnementaux et socio-économiques, quel que soit les auteurs.

La Coalition de la société civile du PK a boycotté la précédente présidence des Émirats arabes unis en 2016, car nous estimions que le pays n’agissait pas de bonne foi au sein du PK. Cette fois-ci, nous avons décidé de nous engager de manière constructive. Cependant, nous sommes de plus en plus alarmés par les récents développements.

Dans son discours de clôture la semaine dernière, le Président du PK a souligné l’importance de la diligence raisonnable – puis a utilisé ce même principe pour accuser la CSC de ne pas avoir effectué les vérifications appropriées, affirmant sans preuve ni discussion préalable que notre documentaire « Diamonds – Beyond Shining Illusions » présentait un « criminel connu » du Lesotho. Cependant, une véritable diligence raisonnable exige également que l’on prenne en compte les conséquences de ses déclarations. Ces accusations publiques sans fondement – qui visent apparemment à marquer des points sur le plan politique et à discréditer le travail légitime de la société civile – ont fait courir un risque personnel grave à l’un de nos membres.

La présidence du Processus de Kimberley est censée agir en tant que facilitateur neutre du dialogue. Au lieu de cela, nous sommes de plus en plus préoccupés par le fait que cette présidence soit utilisée pour faire avancer un programme particulier : discréditer la société civile, contrer les efforts du G7 en faveur d’une meilleure traçabilité, promouvoir les diamants produits en laboratoire, induire le public en erreur sur ce que représente réellement le PK, bloquer la transparence sur les procédures du PK et poursuivre des intérêts commerciaux qui donnent la priorité au profit plutôt qu’aux populations ; sapant ainsi l’objectif et l’intégrité du PK.

Nous pensons que la valeur déterminante d’un diamant naturel devrait être sa capacité à soutenir les moyens de subsistance et à préserver la dignité des communautés où il est extrait. Lorsqu’un diamant contribue réellement au bien-être local et lorsque ses revenus aident les gouvernements à construire une prospérité inclusive, il devient plus qu’un produit de luxe. Il devient un cadeau chargé de valeurs, dans lequel les consommateurs peuvent être fiers d’investir. Selon nous, c’est la seule voie crédible qui s’offre à l’industrie du diamant naturel pour maintenir la confiance des consommateurs.

Retrouvez le discours de clôture délivré par la Coalition de la société civile du PK ici

Pour plus d’informations: info@kpcivilsociety.org

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