Kimberley Process Civil Society Coalition

Le KPCS ne discute pas des conflits et de la violence d’aujourd’hui, mine la crédibilité du Processus de Kimberley

La plénière 2022 du Système de Certification du Processus de Kimberley (KPCS) s’est terminée dans la matinée du 5 novembre 2022, à 4h30 La réunion s’est prolongée du soir du 4 novembre au lendemain parce que le Processus de Kimberley continue d’appliquer des stratégies de résolution des conflits vieilles de 20 ans, aux conflits mondiaux actuels. Les implications de l’agression d’un participant à l’encontre d’un autre constitue une pierre d’achoppement majeure et entraine une fracture au sein de la famille du Processus de Kimberley.

La Coalition de la société civile (CSC) du PK a déploré les nombreuses contestations internes qui menacent la crédibilité du système de certification et a réitéré son appel à une réforme sérieuse du PK. La Coalition de la Société Civile du PK est déçue que le mécanisme de commerce des diamants soit aujourd’hui pris en otage par les mêmes participants qui en ont tiré d’immenses bénéfices, aux dépens des communautés affectées par l’extraction et le commerce des diamants. Certains participants continuent de s’opposer aux discussions sur les conflits émergents dans les pays producteurs et commerçants de diamants, invoquant la politisation du KPCS.

“Les diamants, un catalyseur pour le développement durable” était le très approprié thème choisi par le Botswana, le président du PK, pour la plénière de cette année. La Coalition a appelé les participants à agir sur ce défi bien formulé plutôt que de se cacher derrière une soi-disant politisation, uniquement pour maintenir le statu quo qui n’est nullement bénéfique aux communautés minières des zones diamantifères. Faire des diamants un catalyseur du développement durable exige une volonté et des actions politiques.

Commerce et prevention de conflits

La Coalition à rappelé à l’assemblée plénière que le système de certification a été mis sur pied pour résoudre un problème politique, alimenté par le commerce des diamants, qui ravageait l’Angola, le Liberia et la Sierra Leone. Le fait que le KPCS ne discute pas des conflits et de la violence d’aujourd’hui, qui comprennent l’agression et la guerre contre des membres du PK, mine la crédibilité du Processus de Kimberley. Dans la mesure où le Système de Certification du Processus de Kimberley est un mécanisme commercial, il est encore davantage une plateforme pour résoudre les conflits financés par les revenus des diamants. Le fonctionnement même du Processus de Kimberley est par essence politique, car les voix non gouvernementales n’ont aucun pouvoir de décision et, en ce qui concerne la société civile, nos propositions sont souvent balayées et même ignorées.

La Coalition de la Société Civile appelle tous les participants de ne pas hésiter à dénoncer explicitement et fermement toutes les formes de violence exercées sur les communautés affectées par l’exploitation des mines de diamants. Cela inclut les violations des droits humains et du droit humanitaire international, ainsi que l’invasion de la Russie en Ukraine. Cela inclut les dommages environnementaux subis par les communautés affectées par l’extraction des diamants et les gouvernements qui parrainent des groupes rebelles pour piller les ressources naturelles.

Prise de décision

La Coalition est déçue que la prise de décision ne figure pas parmi les points à débattre dans le programme de réforme. Les participants ont détourné le Processus de Kimberley, rendant difficile l’avancement du système de certification car ils utilisent le processus décisionnel par consensus pour bloquer tout progrès.

L’incapacité du Système de Certification à se réformer trouve son origine dans le modèle de prise de décision par consensus, dont abusent les participants anti- progressistes désireux de maintenir le statu quo. Le modèle de prise de décision par consensus n’a jamais été conçu pour bloquer le progrès.

Historiquement, le modèle de décision par consensus est fondé sur la croyance éthique, en la responsabilité collective de tous pour le bien-être des communautés, et non sur la manière non vertueuse dont le PK l’applique maintenant. Pour nous, la conception d’un véritable modèle de consensus pour la prise de décision du PK méritait d’être discutée.

Appel à la majorité silencieuse pour qu’elle s’exprime

Les progrès au sein du PK sont également freinés par la majorité silencieuse. Le silence en période de crise, comme celle que traverse le Processus de Kimberley, les rend complices de la transformation du système de certification en un organisme non pertinent. Un système de certification non pertinent qui ne garantit pas la paix et la sécurité dans les pays producteurs et qui commercent le diamant nuira à la confiance des consommateurs et aura un impact négatif sur les communautés qui perdront leurs moyens de subsistance.

Nous formulons une requête auprès de la nouvelle présidence, le Zimbabwe, d’organiser une réunion ministérielle sur les réformes du Processus de Kimberley afin de faire le point sur la volonté politique de tous les participants de réaliser des réformes.

Principe d’égalité et structure tripartite

Les membres de la Coalition de la Société Civile continuent d’être la cible d’attaques, d’intimidations et d’insultes de la part de certains participants, ce qui compromet davantage la plateforme tripartite sur laquelle le Processus de Kimberley est ancré. Nous tenons à souligner à nouveau que si la Coalition de la Société Civile a le statut d’observateur, le Processus de Kimberley repose sur trois piliers. Toute tentative d’abattre un pilier entraînera invariablement l’effondrement du système de certification.

Les points de vue de la société civile comptent. Pour rappel, c’est la société civile qui a attiré l’attention des Nations unies sur les raisons mêmes de la création de ce Système de Certification du PK, alors que les gouvernements étaient dans une position de déni et de défense face aux conflits financés par les revenus des diamants dans leurs pays.

L’intégrité du Système de Certification en jeu

Nous nous réjouissons des efforts déployés par le Botswana pour donner le ton et l’ordre du jour de la révision et de la réforme du Système de Certification du Processus de Kimberley. La réforme est plus que nécessaire car le PK ne parvient pas à résoudre les conflits actuels et cela est dû à l’application de solutions vieilles de 20 ans à ces conflits.

La Coalition de la Société Civile du PK applaudit la plénière pour les progrès accomplis dans l’identification de l’hôte du Secrétariat Permanent, le lancement du programme de réforme et le traitement rapide des rapports des équipes de visite d’examen. Nous félicitons l’Afrique du Sud et le Zimbabwe pour avoir placé la barre très haute. La Coalition appelle le Processus de Kimberley à maintenir le niveau, voire à placer la barre plus haute encore, lors des nombreuses visites d’examen par les pairs à venir.

Tout en remerciant le président sortant, nous demandons au nouveau président de faire preuve de fermeté et de protéger l’intégrité du Système de Certification du Processus de Kimberley en maintenant des normes élevées et en appliquant les règles et les procédures convenues.

Plus d’informations:

Dr Michel Yoboué,

Coordinateur de la Coalition de la Societé Civile du Processus de Kimberley (GRPIE)

+225 (0)7 58 09 17 83 – info@kpcivilsociety.org

www.kpcivilsociety.org

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