Déclaration d’ouverture de la société civile à la réunion intersessionnelle du Processus de Kimberley 2024 à Dubaï
La Coalition de la Société Civile est attirée par le slogan du président du PK pour son mandat actuel, baptisé “l’année des résultats”. Après des années d’impasse, nous espérons sincèrement que ce slogan deviendra plus qu’une simple rhétorique.
Comme nous l’avons constamment répété dans ce forum, la Coalition de la Société Civile est prête à contribuer à rendre l’industrie du diamant équitable et juste pour tous, en particulier pour les communautés locales habitant dans ou à proximité des zones d’extraction de diamants, où la plupart des impacts négatifs sont ressentis.
Commençons par explorer le potentiel du Processus de Kimberley à répondre à cet objectif :
Le Processus de Kimberley a été créé pour rompre le lien entre le commerce des diamants bruts et les conflits armés. Il est juste de dire que le système de certification du PK a joué un rôle dans la résolution de certains conflits alimentés par les diamants en Afrique. Aujourd’hui, cependant, le Processus de Kimberley n’est pas en mesure de relever les défis qui sont au cœur de son mandat, ni même d’en discuter.
Nous sommes fermement convaincus que les participants au Processus de Kimberley doivent changer d’attitude et d’état d’esprit s’ils veulent s’attaquer aux problèmes actuels auxquels ce processus est confronté.
La société civile exprime sa profonde inquiétude quant à l’incapacité du PK à évaluer sérieusement son rôle dans l’exacerbation ou l’atténuation des conflits en cours, en particulier l’agression de la Russie contre l’Ukraine et le conflit persistant en République centrafricaine (RCA).
Depuis deux ans et demi, un petit groupe de participants a réussi à bloquer toute discussion sur l’utilisation des revenus des diamants par la Russie pour financer sa guerre à l’encontre de l’Ukraine. En conséquence, les pays du G7 ont agi de manière indépendante pour faire enfin progresser les exigences de traçabilité dans le secteur. L’incapacité du PK à fournir un forum de discussion et de coopération sur cette urgente question commerciale a largement contribué à l’agitation et à l’incertitude qui règnent actuellement dans la chaîne d’approvisionnement.
La situation de la République centrafricaine, qui fait l’objet d’un embargo du PK depuis 2013, avec une levée partielle en 2016, reste une préoccupation majeure pour la Coalition de la Société Civile. Comme la Coalition l’a toujours souligné, les conséquences involontaires de l’embargo partiel sont d’une grande portée. En effet, ce dernier semble maintenant inciter des acteurs à entrer en scène tels que les profiteurs de conflits, par le biais de leurs réseaux criminels et de contrebande, ainsi que les mercenaires. La société civile soutient fermement que les gouvernements du PK et de la RCA peuvent et doivent faire beaucoup plus pour atténuer les effets négatifs de l’embargo sur les moyens de subsistance de l’exploitation minière artisanale.
Bien sûr, il y a aussi le processus de réforme qui semble perpétuel. Un proverbe africain résonne souvent dans ce forum : “Si vous voulez aller vite, allez-y seul. Si vous voulez aller loin, allez-y ensemble”. Bien qu’indéniablement valable, ce proverbe manque de souligner l’urgence de la situation. Au cours des deux dernières décennies, cela a signifié que ce forum a continué à éluder le problème. C’est pourquoi je propose un autre proverbe africain pour orienter nos discussions cette semaine : Si vous fermez les yeux sur les faits, vous apprendrez par accident”. Reconnaissons le fait que le Processus de Kimberley a besoin d’une révision importante pour remplir de manière crédible son mandat de prévention des conflits et de développement durable. Reconnaissons le risque imminent qu’en l’absence de réforme profonde, le Processus de Kimberley sape la confiance des consommateurs dans les diamants au lieu de la renforcer.
La Coalition appelle le PK à adopter une approche beaucoup plus globale. Le Processus de Kimberley ne doit pas se limiter à interdire les diamants qui financent les groupes rebelles, mais doit également permettre d’exploiter les mines de diamants pour stimuler le développement et améliorer le bien-être économique, social et physique des communautés.
Le cycle de réforme actuel ne doit pas être un exercice de plus. Il doit être saisi comme une occasion d’aborder les questions critiques liées à l’extraction de diamants, telles que les violations des droits humains, les droits environnementaux, les droits du travail, la lutte contre le blanchiment d’argent, etc.
La déclaration du Cadre 7 – Frame 7 du PK reconnaît que la résolution de ces problèmes fait partie intégrante d’un approvisionnement responsable en diamants. Il s’agit d’un point de départ. Pour donner corps et crédibilité à cette reconnaissance, la CSC PK demande instamment aux participants d’intégrer le Cadre 7 au cœur de son mandat et au mécanisme d’examen par les pairs. Si le PK doit atteindre une “plus grande efficacité”, comme l’a dit le président, le processus d’examen par les pairs, aujourd’hui indulgent et consistant à cocher des cases, doit se transformer en un mécanisme transparent et solide qui garantit l’amélioration progressive des pays dans des domaines critiques.
La Coalition de la Société Civile du Processus de Kimberley se félicite que les représentants des communautés aient pu partager leurs expériences au cours de la session du panel de témoins afin de réfléchir à la nature évolutive du conflit.
Ces représentants des communautés vivent les problèmes que nous ne faisons parfois que théoriser. Lorsque les choses vont mal, ce sont les communautés qui sont confrontées à la violence et aux violations des droits humains. Lorsque les choses vont bien, elles devraient être les principales bénéficiaires. Le Processus de Kimberley devrait exister pour elles. L’expérience du panel de témoins inclusif et comprenant la participation communautaire est un exemple à suivre et à développer.
Participants et observateurs, permettez-moi de terminer sur une note positive. Le secrétariat du PK est désormais une réalité, avec son siège au Botswana et la nomination d’un secrétaire exécutif. Nous félicitons M. Tang et lui souhaitons bonne chance.
La Coalition de la Société Civile attend des discussions constructives et non des luttes stériles pendant cette intersession.
Jaff Bamenjo
Coordonnateur de la Coalition de la Société Civile
info@kpcivilsociety.org