Kimberley Process Civil Society Coalition

La réunion du Processus de Kimberley à Dubaï : l’année des résultats ou du maintien des apparences ?

Des délégués représentant 85 pays, la société civile et l’industrie du diamant se réunissent à Dubaï du 13 au 17 mai pour assister à la réunion intersessionnelle du Processus de Kimberley (PK). Cette réunion du PK devrait être un forum permettant d’évaluer l’état de la gouvernance des diamants, de déterminer si les diamants de conflit sont effectivement bannis du commerce international et de donner une dernière impulsion à l’indispensable cycle de réforme du PK, actuellement en cours.

Le président du PK pour cette année 2024, Mr. Ahmed Bin Sulayem, des Émirats arabes unis (EAU), a exprimé de grandes ambitions. Il souhaite que sa présidence marque l’année des résultats” en “renforçant la capacité du PK à fonctionner de manière autonome et plus efficace”. Aux yeux de la société civile, cette ambition contraste fortement avec la triste réalité d’un PK paralysé, qui s’avère, encore et encore, incapable de relever les défis au cœur de son mandat, ou même seulement d’en discuter.

La Coalition de la Société Civile du PK (CSC) appelle tous les délégués voyageant à Dubaï à s’y rendre bien préparés et à ne pas éviter les discussions difficiles mais indispensables. Les citoyens et les consommateurs du monde entier devraient les tenir responsables des décisions qu’ils prennent ou ne prennent pas… Les défis sont nombreux.

La réalité de la gouvernance actuelle des diamants consiste en une négation de ce pour quoi le Processus de Kimberley a été créé. La société civile exprime sa profonde inquiétude quant à l’incapacité du PK à évaluer sérieusement son rôle dans l’exacerbation ou l’atténuation des conflits en cours, en particulier l’agression de la Russie contre l’Ukraine et le conflit persistant en République centrafricaine (RCA).

Lorsque les consommateurs achètent ce soi-disant symbole de l’amour éternel, ils ne veulent manifestement pas que dernier contribue à une effusion de sang. En tant que mécanisme mondial mandaté par les Nations unies pour rompre les liens entre les diamants et les conflits, le Processus de Kimberley devrait a minima offrir un forum permettant d’aborder et de discuter de ces préoccupations, d’explorer différentes perspectives et de trouver un terrain d’entente.

Toutefois, un petit groupe de participants est parvenu, depuis deux ans et demi, à bloquer toute discussion sur l’utilisation des revenus des diamants par la Russie pour financer sa guerre à l’encontre de l’Ukraine. En conséquence, les pays du G7 ont agi indépendamment pour faire enfin progresser les exigences de traçabilité dans le secteur. L’incapacité du PK à fournir un forum de discussion et de coopération sur cette question commerciale urgente a contribué de manière significative à l’agitation et à l’incertitude qui règnent actuellement dans la chaîne d’approvisionnement.

Il y a plus de dix ans, le PK a imposé un embargo sur les exportations de diamants en provenance de la RCA. Au lieu de s’attaquer aux causes profondes du conflit, cette mesure a involontairement transformé le secteur diamantaire du pays en un pôle d’attraction pour les profiteurs du conflit, les réseaux criminels et les groupes de mercenaires cherchant à générer et à blanchir des fonds illicites. La société civile soutient fermement que le PK et le gouvernement de la RCA peuvent et doivent faire beaucoup plus pour atténuer les effets négatifs de l’embargo sur les moyens de subsistance de l’exploitation minière artisanale. Cela devrait faire du pays et des communautés locales les bénéficiaires des ressources naturelles de la RCA, et non des rebelles et des mercenaires.

La CSC PK espère ardemment que la crise actuelle du commerce des diamants ouvrira les yeux sur l’urgence d’élargir la définition des diamants de conflit, qui est dépassée depuis longtemps. Cette définition, pourtant pertinente il y a 20 ans, ne sert aujourd’hui qu’un statu quo peu ambitieux et permet à la violence et aux violations des droits de l’homme tout au long de la chaîne d’approvisionnement de passer inaperçues aux yeux des consommateurs. Les diamants entachés de violence, d’injustices sociales et économiques et de dommages environnementaux sont omniprésents dans la chaîne d’approvisionnement.

The KP should embrace a much more comprehensive approach, not just banning diamonds funding rebel groups, but also harnessing diamond mining to drive development and enhance the economic, social, and physical well-being of communities. If it is to remain relevant, the KP needs to discard its many taboo topics. If it is to achieve “greater efficiency”, its lenient and box-ticking peer review process should evolve into a transparent and robust mechanism that ensures progressive country improvement.

Les risques réputationnels sont importants dans ce segment de marché et le Processus de Kimberley devrait empêcher l’industrie du diamant de s’effondrer sous le poids de la violence et de l’injustice qui affectent les communautés et qui sont inacceptables pour les clients. Les participants au Processus de Kimberley doivent prendre des mesures lors de leur réunion à Dubaï. La transparence est essentielle ; ils doivent clarifier ce que le PK représente, ce qu’il peut faire et ce qu’il ne peut pas faire. S’ils ne le font pas, ils risquent de saper les fondements mêmes du secteur que le mécanisme est censé sauvegarder. Si cette année n’est pas l’année des résultats, la spirale descendante ne sera pas stoppée, et le PK devra en être tenu pour responsable.

Pour plus d’informations, contactez:

Jaff Bamenjo

Coordonnateur de la Coalition de la Société Civile

jnbamenjo@relufa.org

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