Début 2024, la Coalition de la Société Civile du Processus de Kimberley (CSC PK) s’est réunie à Yaoundé, au Cameroun, pour sa réunion de planification annuelle. L’objectif de cette réunion était de faire le point sur les progrès accomplis, de partager les expériences et de planifier les travaux à venir pour protéger les droits des communautés dependant mines de diamants ou vivant à proximité, ainsi que pour améliorer la gouvernance des diamants aux niveaux national et international.
Des représentants de 14 organisations membres du Botswana, de la Belgique, du Cameroun, de la République centrafricaine, de la Côte d’Ivoire, de la République démocratique du Congo, de la Guinée, de la Sierra Leone, du Lesotho, du Liberia et du Zimbabwe étaient présents.
Promouvoir une approche de la gouvernance des diamants fondée sur les droits humains
La Coalition a précisé sa mission et sa vision. La CSC PK appelle les gouvernements et l’industrie à œuvrer en faveur des “diamants des droits pour le développement”, en veillant à ce que les diamants soient exploités de manière à contribuer et à garantir le bien-être des communautés vivant de l’extraction de diamants ou à proximité de celle-ci.
Cela signifie en particulier:
- Que les diamants ne soient pas entachés de violence ou de quelconque forme de violation des droits dans les communautés où ils sont extraits.
- Que l’extraction de diamants contribue au bien-être économique, social et physique des communautés touchées par l’extraction et le commerce des diamants tout au long de la chaîne d’approvisionnement. Cela nécessite une meilleure répartition des bénéfices ainsi qu’une implication réelle des communautés, qui garantissent des contributions adéquates à la création d’infrastructures, de services sociaux et d’une économie locale où des emplois et des richesses sont créés.
- Que l’extraction et le commerce de diamants tout au long de la chaîne d’approvisionnement adhèrent à des pratiques environnementales solides garantissant la prévention des effets environnementaux néfastes.
Table ronde sur la prévention des conflits alimentés par les minerais et sur la promotion d’une meilleure gouvernance des diamants au profit des communautés locales
Aujourd’hui encore, les communautés ne bénéficient pas des avantages de l’exploitation des diamants et les cas où l’extraction de diamants est liée à la violence et aux violations des droits humains persistent. Le système de certification du Processus de Kimberley, chargé de rompre le lien entre les diamants bruts et les conflits armés, n’aborde pas les nombreux éléments qui entâchent les diamants, y compris ceux vendus comme “exempts de conflits”. L’extraction de diamants n’atteint toujours pas le potentiel de développement qu’elle pourrait avoir.
Lors d’une table ronde, à laquelle ont participé le Point Focal national du Processus de Kimberley, des partenaires et des journalistes camerounais, Esther Finda Kandeh (WOME, Sierra Leone) a mis en lumière les défis auxquels les femmes sont confrontées dans l’exploitation des mines de diamants. Abu Brima (NMJD, Sierra Leone) a insisté sur l’importance de l‘implication des communautés dans la gouvernance des diamants. Jimmy Hamuli (CENADEP) a souligné les dommages environnementaux que l’extraction de diamants peut causer : il a rappelé au public le cas de la pollution de centaines de kilomètres des rivières Tshikapa et Kasai en République démocratique du Congo en raison de la pollution causée par les “mines de diamants industrielles” implentées dans l’Angola voisin. Michel Yoboué (GRPIE, Côte d’Ivoire) a enfin rappelé à l’auditoire la crise profonde du Processus de Kimberley. Il a souligné que la société civile s’engagera également dans diverses autres initiatives de gouvernance responsable des resources minières en Afrique et au-delà afin d’échanger les leçons tirées des différents secteurs miniers
Tous ces défis ont un point commun : il y a un manque évident, à tous les niveaux, d’un cadre de gouvernance convenable pour l’exploitation des diamants. Shamiso Mtisi (ZELA, Zimbabwe) a souligné qu’il existe de nombreux instruments gouvernementaux et multipartites pour améliorer la situation des diamants : la vision minière pour l’Afrique, le cadre “ entreprises et droits de l’Homme ou les lignes directrices de l’OCDE, pour n’en citer que quelques-uns. Les gouvernements et l’industrie doivent agir aux niveaux local, national, régional et international pour améliorer la gouvernance des diamants. Jaff Bamenjo (RELUFA, Cameroun) a annoncé que le Coalition de la Société Civile du Processus de Kimberley était en train d’élaborer un modèle de cadre de gouvernance des diamants (Model Diamond Governance Framework – MDGF). L’objectif est de dépasser les limites traditionnelles du Processus de Kimberley et d’adopter une approche globale de la gouvernance des diamants, fondée sur les droits de l’Homme, et donnant la priorité aux communautés. En s’attaquant aux lacunes de la gouvernance des diamants à tous les niveaux, le MDGF définit des actions concrètes qui peuvent être entreprises pour que les ressources en diamants profitent directement aux communautés, entraînant ainsi des changements positifs dans leur vie.
Jaff Bamenjo prend le rôle de coordonnateur de la CSC PK
Enfin, la coalition a également traité plusieurs points de gouvernance interne au cours de la réunion, accueillant Jaff Bamenjo d’organisation membre RELUFA du Cameroun en tant que nouveau coordonateur et remerciant Michel Yoboué pour le travail accompli dans ce rôle depuis 2020. Les membres ont également élu Abu Brima comme vice-coordinateur. Enfin, l’organisation de la société civile basée en Angola, Observatory for Social Cohesion and Justice Angola, est devenue membre associé de la Coalition.
Quelques articles de presse sur la réunion de planification de la Coalition
KP CSC urges stakeholders to create safe environment for local communities – 04/02/2024 – Cameroon News Agency
La société civile du Processus de Kimberley, plaide pour le diamant de développement en Afrique – 05/02/2024 – VOA
Journal télévisé bilingue – 7/02/2024 – Equinoxe
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